La carte de tendre

Terrasse trempée de pluie
Du pollen volète sur la peau marmoréenne
Le ciel est limpide comme du vin blanc
Ce vent mâle qui fait l’amour en solo sur le toit
Tu mets du rouge à mes lèvres pour la quatre-vingt-dix-neuvième fois avec tes propres lèvres
Le rythme de samba hypnotise l’automne
Le vin de Bohême versé sans fin
Nous libère de toute affliction diabolique
Toi – matador authentique –
Tu te lances dans le combat périlleux
Le chiffon rouge devient drapeau de victoire
Cadeau de fiancailles qui me sert de couche
Ton dos mon dos le dos des vagues
Chatoient des couronnes de fleurs de cerise
Le bonheur n’est pas aussi difficile à attraper que ces écureuils qui grignotent les marrons là dehors
La chambre devient océan
Je me déplace sans me mouiller les talons
Nos oreillers préservent les répliques de séismes
Bourgeons bourgeons bourgeonnant
Le temps se fait forêt de mousse
Toi et moi on dresse ensemble la Carte de Tendre
Horizons lointains
Senteur capiteuse de la chair
Je veux toujours te baiser très sérieusement
Avec tous atours ma peau printanière
Marées montantes de beauté
Concert de murmures d’admiration
Et les invités de commencr la danse par un paso doble
À longueur de nuit
Les aspirations libérées
Les promesses de l’avenir
Demain encore demain
La Carte s’étend jusqu’à inclure toutes les femmes qui n’ont jamais été choyées
Et dont le coeur est vibrant d’oracles
Leur voeu cordial consiste en un voyage intrépide
Dites donc adieu à cette vie calme et monotone
D’esclaves résignés des préjugés sexuels
Aimez presto, trêve de tergiversations
Ne trichez plus dans la lâcheté, dans la peur des diffamations proférées par des chiffes molles sans âme
L’opinion publique, c’est du bobard superflu
Allons
N’atermoyez plus une seconde
Toi si longue, ignorant toute proportion
Le jour nouveau se sépare des ténèbres
La foule des ignobles se repentent dans la solitude
Des suppôts de Satan accourent en se bousculant aux cimetières
Fièrement étalée au soleil
La beauté – péril glorifié
Nos pieds foulent le gravier pourpre, les cailloux volent à la suite des cheveux
La Carte – couche protectrice contre souffrances et blessures
Et les sourds savourent la musique avec délices
Les aveugles se passionnent à prendre des photos
Les muets rigolent en dansant
Les paralytiques gambadent gaîment
Tous émancipent leur vie dans un état d’esprit d’amoureux
Soir d’émeraude
Regardant les enfants s’amuser
Derechef tu mets du rouge à mes lèvres avec tes propres lèvres pour la neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuvième fois