Thơ » Pháp » Jean Tardieu
Nous aimions autrefois le vent porteur de feuilles,
il gonflait vers nos fronts les parfums de l'été,
il était une main qui disperse ou recueille
d’accord avec notre vie et notre volonté.
Maintenant il ne sait que siffler aux serrures
glaçant comme un couteau le cou des prisonniers
et refoulant les cris dans les pauvres figures
pour nourrir le silence et la nuit des cités.
Ah! De tant de douleur dominée, tout à coup
la bouche sent monter le sel noir et le sang;
mais vous qui retenez l'espoir entre vos dents
le regard agrandi par l’aurore future,
pardonnez à tous ceux qui parleront de vous!
Les mots que vous n’avez pas dits sous la torture
par la voix des vivants se répandent en haine ,
une vague de plus pour chaque homme qui meurt
s'échappe et descendant à travers les barreaux
va grossir lentement les nappes souterraines
qui feront sauter l'ombre et le mur des tombeaux.
Et c'est le même vent qui cogne à nos prisons,
le vent qui déchira les feuilles de l'amour,
c'est lui qui coule en nous ce fleuve de clameurs
et garde le secret de toutes nos saisons.
Il reviendra demain s’enrouler pour toujours
dans les cheveux de l'eau sur nos mains délivrées,
dispersant le brouillard des fantômes du jour,
quand hurleront de joie les hautes cheminées
-quand monteront dans l'air tranquille nos fumées.
Trang trong tổng số 1 trang (2 bài trả lời)
[1]
Xưa ta yêu cơn gió rung cành lá
phồng trán ta với hương vị mùa hè
như bàn tay phát đi hay hứng lấy
ăn khớp với đời và nghị lực của ta
Giờ gió chỉ thổi qua ổ khoá
lạnh như lưỡi dao trên cổ người tù
dồn tiếng kêu trên khuôn mặt đau khổ
để nuôi lặng im và đêm tối âm u
Ôi bao nỗi đau nén lại bỗng nghe
máu trong mồm trào lên vị mặn
Hỡi các anh đã giữ nỗi đau trong miệng
Mắt mở to vì ánh vọng ngày mai
hãy tha thứ cho những ai nói đến các bạn
Những tiếng các bạn không nói trong khảo tra
Qua người sống sẽ lan thành uất hận
thoát khỏi tràn đi qua song sắt
sẽ làm to thêm mạch nước ngấm ngầm
làm nảy tung nấm mồ của bóng đêm tăm
Và vẫn cơn gió ấy chạm vào tù ngục
Cơn gió xé trang giấy mối tình ta
Cơn gió chảy trong ta như suối giục
Giữ cho ta bí mật những mùa qua
Gió sẽ lại quấn vào mãi mãi
Như tóc kia trên những bàn tay cởi trói
Quét đi sương mờ những bóng ma
đầy nỗi vui những bếp lửa trong nhà
- khi khói từ bếp lửa bay ra
Gửi bởi chipbong ngày 11/12/2009 19:06
Le vent
Nous aimions autrefois le vent porteur de feuilles,
il gonflait vers nos fronts les parfums de l'été,
il était une main qui disperse ou recueille
d’accord avec notre vie et notre volonté.
Maintenant il ne sait que siffler aux serrures
glaçant comme un couteau le cou des prisonniers
et refoulant les cris dans les pauvres figures
pour nourrir le silence et la nuit des cités.
Ah! De tant de douleur dominée, tout à coup
la bouche sent monter le sel noir et le sang;
mais vous qui retenez l'espoir entre vos dents
le regard agrandi par l’aurore future,
pardonnez à tous ceux qui parleront de vous!
Les mots que vous n’avez pas dits sous la torture
par la voix des vivants se répandent en haine ,
une vague de plus pour chaque homme qui meurt
s'échappe et descendant à travers les barreaux
va grossir lentement les nappes souterraines
qui feront sauter l'ombre et le mur des tombeaux.
Et c'est le même vent qui cogne à nos prisons,
le vent qui déchira les feuilles de l'amour,
c'est lui qui coule en nous ce fleuve de clameurs
et garde le secret de toutes nos saisons.
Il reviendra demain s’enrouler pour toujours
dans les cheveux de l'eau sur nos mains délivrées,
dispersant le brouillard des fantômes du jour,
quand hurleront de joie les hautes cheminées
-quand monteront dans l'air tranquille nos fumées.
Nguồn: Anthology of Second World War French poetry, Taylor & Francis, 1982